A Literary Tour de France
Malherbe to STN, 23 juin 1773

 

                                                                                              Loudun, le 23 juin 1773

 

Messieurs,

 

Je suis honoré de votre circulaire 31 mai et de votre lettre 10 juin dernier.  Je suis charmé de voir que vos difficultés avec le sieur Fauche soient terminées à l’amiable.  Je voudrais qu’il en fût de même avec M. Malassis dont le silence annonce qu’il attend que vous l’entrepreniez.  Je lui hasarde encore une lettre ce jour et lui mande vos sentiments.  Mais en attendant que vous mettiez en usage vos prétentions et ses ordres, dois-je souffrir de mon avance de L.166-4-0 pour la voiture et droits, avance faite en vue de vous obliger?  Il est surprenant que vous ne m’indiquiez aucun moyen de remboursement après vous l’avoir demandé dans 2 de mes dernières, article que vous passez sous silence.  

 

M. Malassis, décidé sans doute à refuser votre envoi ne me paiera pas.  C’est donc à vous sur l’avis de qui j’ai reçu ces ballots et non sur celui de M. Malassis que je dois demander mon paiement, sauf à vous en faire rembourser quand une fois on vous aura fait droit.  À votre considération, je n’ai point requis, comme je le puis, permission de me rembourser sur la marchandise, mais depuis le temps que cela traine, il est juste que je sois satisfait.  Faites-moi donc remise de cette somme en réponse sur Paris. 

 

Je vous indiquais, sans attendre l’époque du paiement de votre envoi, que vous pouviez tirer une lettre d’échange à son terme sur M. Malassis en l’en prévenant.  On la ferait présenter pour l’accepter.  Refusant, protêt sera fait sur lequel vous pouvez l’entreprendre et répondre à ses objections.  Je suis étonné que vous ne l’ayez pas encore fait. 

 

M. Royer m’a écrit depuis peu n’avoir rien reçu de votre envoi ni pour moi, ni pour M. Lair, ni pour M. Desbordes.  Ces retards ne sont point gracieux pour vos correspondants qui s’en plaignent.  Vous prenez le bon parti d’envoyer votre commis sur les lieux pour aviser à tout.  Autrement si cette voie n’est pas plus diligente, continuellement vous serez exposés à des contestes désagréables. 

 

Je reste donc dans l’attente de savoir ce qui vous aura réussi pour ce qui m’est particulier.  Tant mieux pour l’assureur si on parvient à faire rendre les ballots confisqués.  Si la nouvelle que vous m’annoncez se trouve vraie, que l’impôt soit réduit à 5 pr. % et que vous ayez voie ouverte pour passer tous livres par la chambre syndicale de Lyon, vous aplanirez bien des difficultés, bien des embarras et vous serez moins exposés à reproches de la part de vos correspondants. 

 

Votre Bible étant finie, quand il vous sera libre de m’en faire passer les 50 exemplaires demandés, je les recevrai.  Si l’édition est belle, le caractère un peu gros, elle se placera bien mieux que celle in-8° de M. Fauche qui est trop menue.  Les gens d’un certain âge ne peuvent en faire usage et les jeunes gens font rarement cette [mot illisible]. 

 

M’expédiant ces Bibles ou par toute autre occasion vous pouvez me faire passer quelques circulaires, catalogues etc. et je les répandrai aux occasions. 

 

J’aurai occasion de voir M. Chevrier sous peu.  Je l’entretiendrai de vous. 

 

J’ai l’honneur d’être toujours avec une considération distinguée et une sincère estime, Messieurs, votre très humble serviteur,

 

Malherbe, l’aîné

 

Mes déboursés pour vous en ports de lettres, imprimés etc. montent jusqu’ici vers L.80.  Vous me ferez plaisir de les joindre au L.166-4-0 que je vous demande pour mes déboursés aux deux ballots refusés par M. Malassis. 

 

Quant au prix de votre journal, si votre intention est qu’il soit à compte de la commission que vous m’avez promise sur le montant des mémoires qui vous viendraient par mes soins, je le recevrai avec plaisir par continuation.  Autrement je n’en veux pas, étant trop cher pour ici et en ayant de plus complets au même prix ou environ, tels que Journal encyclopédique, Mercure etc.  Je ne doute pas que vous ayez rempli les mémoires de M. Fontanel et autres. 

 

Par l’occasion du [mot illisible] envoi que vous me ferez, obligez-moi de m’envoyer La Géographie de M. Büching, divers volumes, traduits de l’allemand. 

 

Date: 
Wed, 06/23/1773