A Literary Tour de France
Malherbe to STN, 23 novembre 1784

 

                                                                                  Loudun, le 23 novembre 1784

 

Messieurs,

 

Votre lettre du 12 octobre m’est bien parvenue.  Vous m’y accusez réception et agréez la remise fournie L.500, billet de M. Lavocat de Nantes.

 

Le retard de mes paiements vous préjudicie.  Je n’en doute pas, vous ayant fait bon jusqu’ici des intérêts et faux frais.  Il devient bien plus écrasant pour moi qui ne les touche point ces intérêts, où il m’est dû, c’est une perte sèche qui me détruit bien au-delà des petits profits faits avec vous.  Toute ma bonne volonté je trouve empêchée, malgré moi, par les retenues qui me sont faites, ne rentrant toujours point.  Et je ne puis absolument pas m’aider de mon bien, ne pouvant le vendre, faute d’acheteurs.  Jusqu’ici j’avais évité d’y contracter des hypothèques qui pussent nuire à sa vente, mais ne pouvant en trouver la valeur ni même aucun prix, plutôt que de me consommer en frais, Messieurs, il serait bien plus prudent que je vous fisse à vous et à quelques autres jusqu’à la concurrence de 20 à 24 mille livres que plus de 30 mille livres toujours restants à Cadiz, Gignac à l’Amérique me font devoir et sur lesquels il m’a fallu implorer indulgence et délais, à chacun une obligation notariée qui vous porterait hypothèque et assurerait les intérêts jusqu’au paiement, lesquelles je vous paierais chaque an.  Par cet arrangement, vous auriez sûreté, venant à trouver le prix de mon bien.  Je le vendrais pour payer par délégation à chacun.  Si je touchais les objets dus, je vous les partagerais en extinction [mot illisible] de mon dû vers vous.  Ce tempérament me ferait soutenir mes affaires avec plus de profit et je pourrais réparer tous les torts qui me sont faits.  J’espère même sous quelques mois pour 6 à 7 mille livres de librairie qu’amis d’Avignon, Bruxelles, et de votre voisinage veulent bien me confier encore sachant que j’ai la bonne foi en partage et la bonne conduite ne pouvant vivre ni plus économiquement ni plus frugalement.  Malgré cette proposition, Messieurs, j’ai tenté de pouvoir vous faire diriger pour L.600 à L.700 café par M. Onfroy de Breville à Nantes.  Il voulait bien s’en occuper malgré la difficulté de pouvoir avoir les acquits nécessaires pour l’étranger pour une aussi petite partie.  Si quelqu’un chez vous voulait en commettre, cet ami ferait leur achat très bien.  Voilà un obstacle à cet envoi.  Cette graine vient de hausser tout à coup de L.0-3-0 partout.  C’est ce que m’apprend M. Onfroy dans la dernière 12 du courant de L.0-15-0 dans l’entrepôt.  Le [mots illisibles] est monté de 18 à 19 et acquitté 21 à L.0-22-0, Martinique de 18 à 19, à 21, 22 et 3—droits de sortie.  Les bruits de guerre très grands, depuis la querelle sérieuse entre l’empereur et les Hollandais fomentent cette hausse.  Il me faudra donc savoir si vous espérez que je suive le cours qui s’établira. 

 

J’avais même proposé à M. Lavocat qui me débite quelque libraire, prévoyant en placer pour L.500 à L.600 quelque capitaine ou pacotilleur de tâcher à me fournir à l’encontre autant de café.  J’attends sa réponse.  Je m’occupe certainement, Messieurs, à employer tous moyens pour vous payer, et malheureusement les circonstances fâcheuses qui me traversent m’en éloignent toujours.  Car en voilà une encore qui va bien augmenter ma créance vers vous.  Cette remise de la promesse du sieur Caboche aura encore la fatalité de n’être pas payé.  Car malgré quelque espoir en qu’il reviendrait à Bailleul, il n’y a pas paru depuis 6 à 7 mois, qu’il m’écrivit de Paris et Lille qu’il se mettait en voyage etc.  On le disait à Gottenbourg en Suède il y a quelques mois.  Je ne sais s’il y reste.  On me mande de Bailleul qu’il n’y est pas et qu’il est à craindre qu’il ne revienne qu’après décès de sa mère fort âgée et d’un oncle de qui il attend bien-être.  Quand je fis la négociation avec lui qui m’a procuré la remise que je vous ai passée et deux autres, je lui avais toujours dû et je le croyais sans embarras, lui ayant payé pendant 3 ans pour 8 à 9 mille livres de fils blancs tirés de lui pour nos dentelles.  Je sus après qu’il en avait eu.  Ce sera là encore une nouvelle retenue.  Je ferai le possible pour retirer cet effet, qui me sera nécessaire pour me régler avec lui quand il reviendra.  C’est encore là un vrai malheur qui m’afflige bien puisqu’il va falloir vous faire ce rembours si vous avez négocié cet effet, et pour moi, augmentation de frais. 

 

Vous ajoutez aux L.98-4-0 que je comptais vous devoir mes billets et cette remise de M. Caboche payés—L.20-14-0 d’une part—autre perte.  Vous me portez en outre la valeur des années de votre journal que vous m’avez adressé, Messieurs, années de suite.  Vous devez vous rappeler, Messieurs, que je vous laissais la liberté de me l’adresser d’abord pour le faire connaître et les livres de votre typographie que vous y annonciez que cela en pourrait étendre le débit.  Ensuite, je vous dis que vous le continueriez si vous vouliez mais que ce serait une petite faveur sur tous vos envois et qui pourrait faire goûter les sortes de votre fonds que vous y annonciez.  Je ne me suis donc jamais attendu devoir vous créditer de cet objet en 61-4-0.  Je vous en ai même prévenu dans quelques-unes de mes lettres que je n’ai pas le temps de chercher dans mes copies. 

 

Il serait encore en mon pouvoir d’avoir pour L.400 à L.500 des fournitures de bureau que l’imprimé ci-joint vous détaille et y fixe les prix que me les paient les libraires détaillants qui en demandent quelquefois.  Si les bas et bonnets drapés ou [mots illisibles] convenaient, j’aurais encore le moyen d’en fournir.  Voilà, Messieurs, ce que je puis faire et reste me recommandant à votre bienveillance bien affectueusement, Messieurs, votre très humble serviteur,

 

Malherbe, l’aîné

Date: 
Tue, 11/23/1784
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