A Literary Tour de France
Malherbe to STN, 24 avril 1776

 

                                                                                              Loudun le 24 avril 1776

 

Messieurs,

 

Je vois par la lettre dont vous m’avez honoré 9 du courant que les 2 balles contenant les volumes de L’Encyclopédie par Lyon et Besançon sont encore arrêtés, ce qui fâche beaucoup les amis de Charente qui les attendent.  Il est de votre intérêt d’employer vos amis pour les faire relâcher.  Il faut espérer que vous y parviendrez.  J’en apprendrai la nouvelle avec plaisir.  Sans ce retard, je pourrais vous dire si Les Voyages de Brydonne qui sont dans [mot illisible] seraient demandés.  J’aurais placé il y avait longtemps, les Thérèse et De l’homme.  J’en ai refusé d’ailleurs, comptant sur ces envois.  Celui par Lyon, est-il aussi annoté à l’intendant ?

 

Peu avant réception de votre lettre, écrivant à Besançon à MM. Amet et fils aîné, je les priais de s’informer à M. Charmet qui pouvait retarder la balle à son adresse.  Il sera peut-être bien difficile d’en avoir la restitution si elle est arrêtée par l’intendant.  Enfin, employez-y vos amis car je ne puis toujours me charger de ces risques-là.  Peut-être réussirez-vous auprès de M. Charmet puisque vous deviez le voir. 

 

Il ne faut plus parler de cette Encyclopédie s’il est si risquable de l’introduire.  On la voudrait complète et je puis en négocier pr. 2 exemplaires. 

 

Je ne néglige rien pour pouvoir découvrir en voyage Planquais.  C’est un drôle ruiné et je crois fripon.  Blaizot, qui doit vers L.40, ne se montre plus non plus.  Le soir qu’il a passé ici 3 à 4 jours la semaine passée, il avait un chariot très chargé et un commis avec lui.  Il paraît bien assorti.  Il me paya une dixaine de louis et m’en prit pour L.300 à L.400 d’autres.  Je me suis encore informé de lui.  J’en aurai nouvelles sous peu.  Il paraît rangé à moins que le prohibé qu’il débite beaucoup ne lui attirât mauvaises affaires.  Je ne crois pas qu’il fasse perdre.  Il est d’ailleurs marié à Montargis. 

 

Je n’ai encore nul avis d’expédition à Orléans de la dernière balle no. 21.  Je l’attends avec impatience, ayant un pressant besoin des Systèmes.  Il n’est pas possible d’accepter les Dom Pèdre et Célibataire à L.0-9-0 et L.0-10-0.  Les précis se contrefont à Bordeaux, Toulouse etc. et se donnent aux libraires de L.0-4-0 à L.0-5-0 la pièce.  Il faut au moins qu’ils ne passent pas les prix chez vous.  On placerait Le Barbier de Séville.  Si j’eusse eu un cent des Mémoires de Louis XV, ils seraient placés, mais cet ouvrage ne vaut que pour le moment.  Plus tard, il n’y a pas espoir d’en vendre beaucoup.  Qui aurait une Histoire et anecdotes détaillées du règne de Louis XV, ce serait d’un bon débit de même que les 7 volumes du Journal de Maupeou et les 6 du Maupeouana, la correspondance en 2 volumes.  Le Gazetier cuirassé, des Mémoires de Du Barry qu’on dit former un gros in-8°.  L’Histoire de J.C., Lettres à Eugénie, à Sophie, Contagion sacrée, Cruauté religieuse, Prêtres démasqués, Fille de joie, École des filles etc.

 

Les Élémentsde Millot sont peu demandés. 

 

J’ai pris déjà des informations pour la connaissance que vous [mot illisible] dans Paris.  On n’a pas pu encore me rendre rien de positif.  Peut-être y aura-t-il moyen de remplir vos vues en partie par l’entremise d’un jeune homme mon ami qui travaillait depuis 6 à 7 ans dans une maison à Poitiers qui s’éteint, la veuve quittant les affaires.  Cet ami m’annonce qu’il va se fixer à Paris, qu’après 5 à 6 ans de résidence dans une bonne maison, pour se mettre au train des affaires, il compte se mettre en son particulier.  Je l’entretiendrai de vos projets.  Il est assez intelligent et actif.  S’il y a moyen, je crois qu’il pourra réussir.  Nous raisonnerons des moyens quand il sera rendu à Paris. 

 

Je tiens une note des articles de votre compte.  Il en reste entre divers volumes surtout Des Protestants.  Je vous les mettrai au net au premier moment.  Je tâche à écouler le reste à quelques volumes près.  J’y parviendrai. 

 

J’ai encore plus de 23 Dorat.  N’oubliez pas le déficit noté dans le premier envoi.  J’écrirai à M. Lair sous peu et lui parlerai de votre commission. 

 

Les cafés se vendent à Nantes, prouvant la qualité de 12 à 13, 14 à L.0-15-0 la livre.  L’indigo L.7 à L.8, les sucres suivant leur qualité.  Je vous en fournirai un état au premier jour plus circonstancié.  Si on voulait des velours de coton, pleins en mordoré, marron, bleu, chamois, cuir, de L.13  à L.13-10-0 [mot illisible] à la manufacture, j’en procurerais.  Peignes à baguette d’Angers, gants de chamois, bas de fil, fil de [mot illisible] de L.0-36-0 à L.0-38-0 la livre.  Nos huiles de noix L.36 à L.36-10-0 le cent, cire jaune L.0-42-0 la livre.  Si L’Essai sur le monachisme n’est pas cher et qu’il puisse me parvenir promptement, envoyez-en 50 exemplaires, autant des [mot illisible] et Chinoises de vol.  Si ce n’est qu’un volume, L.0-30-0, c’est bien cher.  Une dixaine de lectures pour les enfants etc. 

 

Il ne manque pas de contrefaçons de Robinson Crusoé et tout ce qui sort de Lyon, Toulouse, etc. est moins cher que chez vous.  On m’a fait voir Thérèse philosophe venant de Toulouse à L.0-50-0 qui est bien et De l’homme à 45.  Avez-vous Helvétius en 3 volumes?  Il m’est demandé Le Christianisme dévoilé s’il ne passe pas L.0-20-0 chez vous. 

 

Si vous avez nouveau testament in-8° comme ceux dans la balle reçue pr. votre compte,  vous pouvez  m’en envoyer 50.  26 pr. 25 Bibles in-folio qui ne passent pas L.8-10-0 à L.10 au plus.  Quelques nouveaux testaments, 4° avec réflexions et une vingtaine de liturgies à l’usage des protestants de France. 

 

Si mon parent M. Meister, fils, qui reste toujours à Paris chez Mme de Vermenou la jeune, Rue Neuve du Luxembourg, près des boulevards, voulait vous instruire des ouvrages nouveaux qui pourraient mériter votre attention, et occuper vos presses avatageusement, il est bien à même de vous servir étant homme de lettres lui-même.  Si je puis découvrir quelque chose , je vous le communiquerai.  Je ne connais pas l’ami de François.  [Mots illisibles] mettez-en quelques exemplaires dans votre prochain envoi.  On parle [mots illisibles] d’une brochure nouvelle de M. de Condorcet.  Il y a une édition [mots illisibles] des Comédies gaillardes en 2 vols., 8° qui est bien mieux que celle que [mots illisibles] eue de chez vous en un.  Les tableaux des saints, Mystères ouChristianisme dévoilé sont recherchés. 

 

Il faudrait en sermons Laget, Lullin et quelques auteurs nouveaux.  Voici une lettre que je vous recommande beaucoup.  Pour la faire suivre sûrement et même de l’affranchir, si cela se peut, c’est une réclamation d’une centaine d’écus que je fais solliciter auprès des parents d’un M. Endrely, qui a tout mangé par son inconduite et M. de Salis veut bien s’y employer. 

 

Je suis toujours avec la plus sincère estime, Messieurs, votre très humble serviteur,

 

Malherbe, l’aîné 

Date: 
Sun, 03/24/1776