Loudun 27 août 1777

Messieurs,

Je suis favorisé de votre lettre 14 courant, me remettant facture d’une petite expédition faisant partie de ma dernière demande que vous énoncez expédiée par adresse de M. Couret, M. n°200.  Je l’attendrai et tout vérifié, je vous en rendrai raison et bon compte.  Le tout monte à L.282-12-0.  Vous ne faites pas le rabais de 5%…

                                  14-3-0_

                                268-9-0  à vous créditer.  Il vous a plu augmenter divers articles.  Ils étaient cependant bien assez chers aux taux limités.  Vous laissez divers articles demandés qui étaient comme retenus.  Il faudra s’en passer jusqu’à les trouver.  Comment peut-on se plaindre?  Quelque douceur que j’accorde sur certains ouvrages, souvent on me réplique que l’on trouve ailleurs à meilleur compte.  On m’objecte encore tout récemment un libraire de Nîmes qui fait courir des catalogues, où tous les articles—philosophiques et galants—sont à prix bien modiques pour favoriser l’écoulement.  Je ne tiens pas à des bagatelles quand je trouve le pair à moi et un léger profit.  Je ne sais même s’il ne me faudra pas prendre quelques précautions.  Par la suite, 2 ou 3 rapports m’ont été écrits, vrais ou faux.  Il s’agissait de me prévenir qu’on cherchait à mettre obstacle à la continuation du dépôt que j’ai, ce qui m’a fait mettre à l’écart, hors chez moi, tous les ouvrages susceptibles de censure.  Quant aux autres, je ne crois pas qu’on puisse me rien objecter, la partie de la librairie pouvant être du ressort d’un négociant comme tout autre article, surtout ne vendant rien au particulier, ne paraissant être que le correspondant de divers libraires qui se fournissent chez moi des articles à leur convenance que je reçois de typographies qui ne sont pas à portée d’entrer dans des détails minutieux, ni de connaître tous ceux qui ont besoin de leurs sortes.  Il n’y a point de libraire ici.  Je ne pense pas qu’on puisse me troubler dans cette partie.  Jusqu’ici, il n’est question de rien et ce qui m’a été référé a peut-être pour principe quelque motif de jalousie.  Au reste, j’attends quelques instructions conséquentes et décisives à ce sujet. 

J’aurais désiré 12 à 20 Millot à L.8.  Il faut les donner à 10.  J’ai la Bible retouchée, édition de Hollande, en change prise à LaRochelle à L.4-10.  Chez vous L.3 à L.3-10, c’est assez payer.  Je vous demandais 26 pour 25 Bertrand pour les fêtes.  Si vos Anecdotes de l’illustre voyageur comprennent tout son voyage jusqu’à son retour, j’en recevrais 50 à 60 exemplaires, si le prix ne passe pas L.0-1-0 de la feuille.  De même, 3 à 4 Histoire de l’Amérique pour la connaître.  Je ne vous ai payé ci-devant Le Système de la nature que 4, belle édition.  Je ne puis autrement à ce prix.  M’en manquant, j’en recevrais 26 pour 25.  Les Examen de F. et Bolingbroke ne sont pas rares, L.0-18-0 à L.0-20-0.  Vous m’avez envoyé des Taureau blanc à L.0-10-0.  Le Monialisme m’est offert à L.0-1-0 la feuille.  À ce prix j’en prendrai 50—12 Profession de foi des théistes, 26 pour 25 Terray à L.0-25-0, au plus L.0-28-0.  Quelques Bigarrures d’un citoyen de Genève et Lucina sine concubitu, 12 Margot des pelotons, 50 Lyre gaillarde à L.0-15-0.  Auriez-vous la collection entière d’Helvétius, 8°, Le Dictionnaire des cultes religieux.  Il me manque des Dorat 8 et les 6 volumes avec portrait. 

Vous aurez sans doute inséré dans la balle expédiée les défets notés et plusieurs prospectus de votre Encyclopédie.  Vous auriez bien dû profiter de cette occasion pour envoyer le septième volume de votre Description des arts et métiers.  Si vous voulez faire une autre balle des articles établis ici et de ceux de mes dernières notes, faites-en l’envoi et y ajouter ce septième volume. 

J’ai l’honneur d’être bien sincèrement, Messieurs, votre très humble serviteur, 

Malherbe, l’aîné