A Literary Tour de France
Malherbe to STN, 27 mai 1775

 

                                                                                              Loudun le 27 mai 1775

 

Messieurs,

 

J’ai vos deux lettres 10 avril et 14 courant.  Vous me remettez par votre première facture de 20 Morale chrétienne montant à L.80.  Je vous en crédite.  Je n’ai pas encore d’avis qu’on ait expédié de Lyon.  J’en ai cependant écrit à MM. Schodelles.  Je ferai le nécessaire—un ballot joint au mien pour Planquais quand je saurai où il est, car il n’a pas paru cette année, non plus que Blaizot, qui doit encore vers L.30 pour l’envoi que vous lui fîtes.  Peut-être en aurai-je nouvelles cet été ou ils viendront vers ici.  Je n’ai point négligé vos commissions.  Mon ami M. Pellissier de Bordeaux m’a répondu que le sieur Croisilhes jouissait d’une bonne réputation à Montauban et qu’il y était estimé.  J’eus profité de l’adresse d’un ami qu’il m’a procuré à Montauban même qui m’écrit du 11 courant.  La consommation des œuvres qu’ils ont n’étant pas fort considérable, le crédit qu’on peut leur faire ne doit pas être au delà de L.1500 à chacun.  Le sieur Cazaméa, quoique jeune établie, est fort rangé et je lui connais le talent propre à se procurer des chalands.  Gouvernez-vous en conséquence. 

 

Je vois par le détail de votre correspondance avec le sieur Lair, relatée dans votre dernière, que mal à propos, il prétend n’avoir demandé le second exemplaire de L’Encyclopédie que conditionnellement.  Je vais lui relater vos raisons dans une première lettre.  Si lui ou moi pouvions trouver un acquéreur de cet ouvrage, toutes questions seraient finies entre vous.  J’y travaille en mon particulier pour vous obliger l’un et l’autre, et suivant sa lettre du 19 courant, je suppose M. Lair dans l’intention de vous satisfaire.  Il est vrai qu’il reste dans la croyance de ne pas avoir reçu à son compte ce second exemplaire et vous vous comptez procurer le contraire.  Il faut se donner un peu de patience.  Il fait des démarches pour le placer.  Voici le style de sa lettre 19 de ce mois: 

 

-          Je suis aussi désolé que la Société de n’avoir point encore pu placer son exemplaire de L’Encyclopédie.  Je vous supplie de redoubler d’attention pour le placer dans vos connaissances.  Un ami homme de lettres en a emporté un petit extrait à Orléans.  Je l’attends.  Je suis sûr de ses mouvements à le placer.  Je voudrais être aussi sûr de sa réussite.  Travaillez-y et je vous abandonnerai les 5 pour cent que la Société m’accorde. 

 

Ce style me fait penser que M. Lair compte être dans la bonne foi.  Je souhaite trouver un acquéreur.  Je ne demande nulle commission.  Mes amis de Charente à qui je l’ai proposé ne peuvent s’en charger.  Ils en ont tiré 4 exemplaires par Amsterdam.  Un envoi de 4 volumes est parvenu totalement avarié.  Ils désireraient qu’il fût possible de trouver à remplacer ces 4 volumes ou qu’il s’en fît une seconde édition pour les commander.  Ils me prient beaucoup de leur procurer cette faveur.  Si vous pouviez l’obtenir auprès de M. Félice, vous les obligeriez infiniment. 

 

Les frères de cette maison de Charente fixés à Cognac désireraient L’Art du faïencier.  L’imprimerez-vous [mot illisible] votre description.  Je serais enchanté de les obliger.  Tâchez de me le procurer. 

 

Je vais récrire au sieur Lair.  Je lui parlerai de vos raisons, lui en donnerai même le détail.  J’ai envoyé à quelques libraires la note des 28 volumes à vendre.  Je suppose que l’offre de 10 pr. cent pesant de remises ne tenterait pas M. Lair puisqu’il m’offre les 5 pr. cent pesant pour lui placer l’exemplaire mais je souhaite en trouver l’occasion.  Je la saisirai sans exiger aucun [mot illisible].  Je vois avec plaisir que vous soyez d’accord avec M. Croisilhes de Montauban.  Si vous m’envoyiez un catalogue de tous les articles que vous pouvez fournir, je courrais vous procurer du débouché, mais je vous le répète:  il faudrait quelques balles en dépôt.  On me demande 15 à 20 exemplaires de L’Histoire de France de Vély, Villaret etc.  Pouvez-vous en procurer, expédiez-les au plus tôt.  Et des Questions sur l’encyclopédie

 

Si le bleu de Prusse, laque conviennent, je pourrai y ajouter [mot illisible] de grain noir [mot illisible] et des [mot illisible] etc.  J’en fournirais.  Je vous suis obligé d’avoir communiqué les [mot illisible] envoyés. 

 

J’ai reçu quelques ballots d’une maison de librairie de vos environs.  Je les ai tantôt placés.  C’est une preuve que ce que vous m’enverriez s’écoulerait de même. 

 

Je suis pressé [mot illisible] courrier.  Comptez sur mes soins.  Étant toujours flatté de vous obliger, je suis avec estime et considération, Messieurs, votre très humble serviteur,

 

Malherbe, l’aîné 

 

Il n’y aura plus d’impôt suivant un nouvel édit, ce qui doit rendre les risques d’entrée moindres et l’introduction plus facile. 

 

M. Courvoisier du Loch a sans doute oublié mon mémoire ou il ne lui convient pas de le remplir.  Il me l’avait cependant annoncé. 

 

Date: 
Sat, 05/27/1775