A Literary Tour de France
Malherbe to STN, 28 juin 1777

 

                                                                                              Loudun 28 juin 1777

 

Messieurs,

 

Les encouragements que toutes vos lettres m’avaient faits jusqu’à votre dernière 8 juin courant de chercher à étendre votre débit ne portaient aucune restriction non prévenue de la prudence ou circonspection, ou vous croyez devoir vous tenir pour votre tranquillité.  Je vous ai fourni les notes établies dans ma dernière avec la même confiance que je l’avais fait depuis le commencement de notre correspondance.  Mes recherches, mes soins à multiplier les connaissances nécessaires pour répondre à vos vues n’ont pas laissé de m’être coûteux.  Je conviendrai que j’ai eu un profit honnête sur quelques-uns de vos ouvrages, mais les [mot illisible] restantes—les mauvaises créances qui se trouvent surtout avec les colporteurs, les ¾ [mot illisible] fripons—mangent en grande partie ces petits profits.  Il n’y aura que continuité d’affaires en ce genre qui pourra devenir favorable, étant résolu de ne vendre qu’avec grande circonspection à plusieurs forains.  Cette continuité ne pouvant avoir lieu avec vous, j’ai maintenant assez à choisir pour ce qu’il me faudra, plusieurs maisons d’Avignon m’offrant leurs sortes ainsi que quelques-unes de vos contrées.  Cependant, comme il ne m’en faut pas, tant 2 maisons m’ont suffi jusqu’ici, si vous vous retirerez, je verrai où trouver au besoin.  Dès le principia de nos liaisons, M. Ostervald savait bien que je n’étais pas riche.  Mes meilleures espérances restant au pouvoir de père et mère, je crois vous avoir toujours parlé avec franchise.  Si dans les commencements de mon retour ici j’ai mérité votre confiance, il devrait être naturel que les avancements reçus des miens, depuis, en 2 maisons dont j’ai fait vente d’une pour m’aider dans mon négoce, devraient, loin d’éloigner la confiance, la rapprocher.  Je ferai de mon mieux pour éteindre mes engagements vers vous au fur et à mesure de leurs échéances, comme je l’ai fait jusqu’ici.  J’ai déjà donné la note de celui en juillet de 400 et tant à M. Montessuy, cet ami étant nommé receveur des états de Languedoc à Lyon.  Il ne tiendra, je crois, plus maison à Paris après le mois d’octobre.  Je compte me fixer en grande partie chez MM. Pache, frères et cie. 

 

Si j’ai été desservi auprès de vous, comme votre style semble le prononcer, je n’y puis rien.  Je tâcherai de vous désabuser par mon exactitude ordinaire.  Jusqu’ici, je n’ai rien à me reprocher.  J’ai tant fait pour le mieux en tout ce qui m’a été recommandé par votre maison.  Quant aux réductions sur lesquelles vous vous plaignez, elles étaient la plupart relatives à vos lettres en réponse à mes propositions au reçu de vos balles et du reste, je vous laissais libres de disposer de vos articles.  Je me suis expliqué sur la vente faite à Blaizot qui a bien été de votre ordre et pr. votre compte. 

 

J’ai quelques imperfections à vous demander.  Il me faut du loisir pour en faire le recensement et je n’en ai pas souvent.  Je tâcherai peu à peu de vérifier ce qu’il faut et vous en passerai la note.  Si je reçois de nouveaux envois de votre maison, ce que je laisse bien à votre volonté, il faudra convenir des prix et que la réduction de 5 pr. cent pesant pour indemniser des voitures sera de loi.  Alors, vous remplissant au reçu de chaque envoi en mon billet, il n’y aura pas de question ni de contrainte entre nous. 

 

Je doute que vous puissiez obtenir à vous faire payer à 6 mois.  Dès que dans quantité de typographies on donne plutôt 15 et 18 mois que l’an, il est certain que ces termes sont bien traînants, mais c’est un usage dont il faut bien dépendre pour faire affaire en une partie. 

 

Je ne désapprouve rien de ce que juge autrui convenir à ses intérêts.  Toute négociation doit avoir confiance pour base afin que tranquillité y soit fondée.  Vous me trouverez en tout temps, en toutes occasions, le même zèle pour ce qui me viendra de vous. 

 

M. Lair m’écrivait il y a peu qu’il venait de terminer la vente pour votre Encyclopédie, qu’il devait toucher sous 2 à 3 mois paiement d’une portion—que je vous en fisse part à l’occasion.  Je le fais. 

 

J’ai l’honneur d’être avec estime et sincérité, Messieurs, votre très humble serviteur,

 

Malherbe, l’aîné 

 

J’attends nouvelles de M. A. Senn d’un ballot peaux expédié et sa remise sur Paris. 

 

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Date: 
Sat, 06/28/1777