A Literary Tour de France
Malherbe to STN, 28 octobre 1772

 

                                                                                              Loudun, le 28 octobre 1772

 

Messieurs,

 

Je suis favorisé de vos deux dernières lettres.  J’ai trouvé la dernière à mon retour d’un voyage de quinzaine en Poitou.  Qui y aurait des psaumes conformes à l’édition d’Imhof à Bâle, gros caractères, in-8° en vendrait beaucoup.  Il les faudrait tout musique et avec les 54 cantiques.  J’ai vu en passant M. Chevrier qui m’a dit être très impatient de ne point avoir nouvelles de l’envoi dont vous l’avez avisé, ce qui le gêne.  Tâchez de remédier à ces longueurs pour contenter vos correspondants.  Je souhaite que vous puissiez engager ceux qui vous font des demandes si peu traitables à payer le transport et à partager au moins l’impôt.  Vos prix doivent les y résoudre.  Je n’ai encore nul avis du ballot que vous avez donné ordre de m’adresser pour M. Malassis, ce qui me semble tarder aussi.  Quand j’en serai prévenu, je paierai pour sa destination, ce que me prescrira M. Malassis. 

 

Mes soins vous seront toujours dévoués.  Vous devez avoir un usage pour la commission due à ceux qui s’emploient au débit de vos sortes, et je me conformerai à votre règle.  La branche de librairie a peu de relation avec les autres affaires mercantiles.  Voici l’usage ordinaire : la commission est allouée à 2 pr %.  Si vous croyez que me soins pour vous méritent cette récompense après le remboursement de mes frais, elle restera fixée à ce prix sur tous les envois que vous ferez aux correspondants que je vous ai procurés.  Je sais bien qu’il est d’usage entre libraires de donner une remise de 10 pr %, et s’il ne vous fait pas de peine, vous me continuerez gratis l’envoi de votre journal.  Je le communiquerais et tâcherais de vous procurer des souscripteurs.  Il sera bien que vous fassiez veiller à sa correction.  Je fis passer ainsi à La Rochelle les feuilles de votre Bible, et des Questions avec le frontispice du Voyage.  Je vous communiquerai la réponse.  Je n’en ai pas encore eu de M. Lair de Blois.  Je souhaite que vous traitiez avec M. Fontanel de Mende.  On n’a pas encore répondu de Saint-Malo touchant le libraire Hovins, en m’annonçant les tracasseries qui lui avaient été suscitées.  On disait néanmoins qu’il était riche.  Je serai plus instruit et je vous en rendrai compte. 

 

Si sans risque vous pouvez me faire passer quelques 7 à 8 exemplaires de vos sortes pour les vendre à votre compte, ce petit dépôt pourrait, je pense, accroître avec le temps l’écoulement que vous désirez.  Alors, ma commission de vente serait fixée à 5 pr %.  Bien des personnes sont rebutées des risques et de la longueur du chemin et qui, s’ils se trouvaient auprès d’eux, se décideraient bien vite. 

 

Je prie un de mes amis de Marseille, M. Ch. Raymond de me procurer une connaissance affidée à [mot illisible].  Je vous la communiquerai de suite.  Alors vous pourrez prendre d’elle et lui fournir les instructions nécessaires pour vos envois.  Pour les articles prohibés, un bon assureur serait bien le plus court.  Tâchez de réaliser l’espoir que vous avez de vous les procurer. 

 

J’ai l’honneur d’être avec une considération distinguée, Messieurs, votre très humble serviteur,

 

Malherbe, l’aîné 

Date: 
Wed, 10/28/1772