A Literary Tour de France
Malherbe to STN, 3 mars 1781

 

                                                                                              Loudun 3 mars 1781

 

Messieurs,

 

Les fonds qui me sont détenus de toutes parts dont la masse grossit journellement – car voilà encore 1300 chez un libraire de [mot illisible] qui dépose le sieur Gosselin 300 et tant chez un de [mot illisible], le sieur Sarfault, 900 chez M. LeNoirade [mot illisible] à Nantes et d’autres qui reculent toujours faute de débit – me forcent à vous adresser cette circulaire.  Daignez y avoir égard, car c’est le seul parti qui puisse empêcher ma ruine et vous éviter perte, malgré le travail le plus opiniâtre et assidu depuis 10 ans.  Rien d’ailleurs n’est encore en péril chez moi de vos intérêts.  Ce n’est qu’un retard.  Je l’ai de même confessé à M. Fauche à qui je dois plus qu’à vous – à qui j’ai en outre pour plus de 3000 mille livres sous cordes depuis 3 mois, que dans sa dernière lettre il me paraît de déballer, adhérant à mes propositions.  J’attends quelques autres réponses favorables.  Il m’en vient une de Horleintelle, où je dois pour [mot illisible] L.4600.  Daignez, Messieurs, concourir aussi à ma tranquillité.  Je pourrais, si vous aimez mieux, laisser à vos ordres plus de la moitié aux 2/3 de votre dernier envoi qui s’écoule lentement d’autant que je ne sais quasi plus à qui me confier, tant je suis malheureux avec les libraires.  Ceux fixés paient mal ou manquent.  Les colporteurs volent.  Ils m’enlèvent bien 10 mille livres.  Il faut donc plutôt garder que de confier pour perdre comme j’en ai la triste expérience. 

 

Vos lettres 7 décembre, 23 janvier, 18 février me sont parvenues.  Le sieur Prudhome me doit bien 500 qui, je crains, ne rentrent pas à mon souhait, car je n’ai pu régler encore avec lui.  J’ai payé le billet que sa négligence à me solder a fait protester et cela avec frais assez lourds, qui minent toujours. 

 

Il y a 10 jours seulement que j’ai rendu chez moi vos derniers envois.  Encore sous corde, je n’ai pu les vérifier pour vous en dire ici le bien-être.  Je vous payerai ces objets aux tarifs accoutumés s’il vous convient de me les laisser à qui vous me direz en réponse.  L’Encyclopédie in-4° est pour le sieur Prudhome.  Je lui en ai écrit.  Il ne m’a pas répondu encore catégoriquement ne voulant pas donner terme tant qu’il ne m’aura pas soldé 500 et tant. 

 

Votre seconde lettre me demande si je pourrai vous faire l’emplette de café.  Oui, Messieurs, en employant les soins de mes amis à Nantes, ou si vous aimez mieux vous y adresser, ce sont MM. Doudet, Rivet, et Lafittou, bonne et riche maison, honnête et de confiance.  J’ai même écrit pour avoir un prix courant que je vous communiquerai.  Les autres objets de commerce qui peuvent aller chez vous pourraient être l’huile de noix qui vaut L.45 le cent pesant ici, la cire jaune L.0-38-0 la livre, le miel jaune.  J’en envoyais l’an passé 30 quarts à [mot illisible].  Il vaut 23.  L’anis L.33 le cent pesant, coriandre L.17 etc. 

 

Suivant votre dernière 18 février vous avez passé à MM. Girardot, Holler et compagnie mon billet de 1318 au 30 avril.  Daignez empêcher qu’on y fasse des frais inutiles qui ne feraient que miner mon fait.  Si je pouvais trouver un emprunt de 30 mille livres sur mes domaines, je vous satisferais bien vite.  Il n’y a pas de capitaliste ici.  Au loin on fait difficulté, le bien n’étant pas situé sous les yeux.  Il est bien fâcheux pour moi que ce bien soit à Loudun et que j’y sois fixé dans ce moment présent.  Partout ailleurs j’aurais pu m’en aider, et au lieu qu’il faut attendre la paix, que je puisse alors le vendre morceau à morceau pour payer où je dois.  C’est un instant qu’il me tarde bien de voir arriver. 

 

J’espère, Messieurs, que cette nécessité du moment ne me privera pas de votre estime et bonne confiance.  J’emploierai toujours tout ce qui sera en mon pouvoir pour la mériter.   Dans les sentiments, daignez me croire sincèrement, Messieurs, votre très humble serviteur,

 

Malherbe l’aîné 

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Date: 
Sat, 03/03/1781