A Literary Tour de France
Malherbe to STN, 30 septembre 1772

                                                                                             Loudun, le 30 septembre 1772

Messieurs,

Je suis honoré de vos deux dernières lettres 8 et 13 courant.  Depuis la lettre renvoyée de M. Gerbou vous devez avoir reçu celles de M. Fontanel de Mende, LeSienne de Rennes, et Croisilhes de Montauban.  Je souhaite pour le bien de vos intérêts que nul obstacle empêche l’exécution de leurs mémoires.  Je ne néglige rien pour divulguer le reste de votre circulaire.  J’en ai adressé deux [mots illisibiles] à M. Tarbé le jeune et à M. De La Vigne.  L’appréciation de mes peines et soins est toujours remise à votre bonne volonté, soit en m’accordant tant pour ma commission sur le montant des envois dont je vous aurai procuré le débouché, soit de toute autre manière.  Les observations que portent vos deux lettres m’ont mis à même de les communiquer à M. Lair.  J’attends sa réponse et je vous la communiquerai.  Je lui ai adressé un volume de votre journal parce qu’il en voulait connaître le plan.  Il ne sera peut-être pas trop content de la partie typographique qui fourmille de fautes.  Je pense bien que vos autres ouvrages qui ne sont pas tirés à la hâte sont plus corrects.  Quand vous vous trouverez occasion de même lors de l’envoi du journal vous pouvez, ce me semble, glisser votre réponse dans une feuille ce qui sera toujours, quand cela se rencontrera de même, tout autant d’épargné. 

M. Chaboiceau de grand maison de La Rochelle m’a bien écrit en réponse de l’envoi de votre circulaire, mais il craint que les frais de voiture, les risques et droits ne rendent chez lui à trop haut prix les articles qui lui conviendraient.  Il est certain que cet impôt à l’entrée qui advient à 28 pour cent pesant est bien fort et augmente considérablement vos prix.  S’ils vous permettaient d’en supporter la moitié, ce serait une bonne affaire pour vos écoulements.  Si on trouvait des assureurs qui pussent entrer en France, et sauver le droit moyennant 12 à 15 pour cent pesant, on préférerait encore cette voie à celle par acquit à caution qui assujettit aux droits.  Prenez informations relatives à cet égard.  M. Chaboiceau me confirme que la voie par Marseille est fermée.  Il m’en donne pour l’exemple une confiscation de deux ballots de la valeur de L.1530 que le propriétaire s’est bien donné de garde de réclamer.  Si par Nice et [mot illisible] il n’y avait pas de risques, il serait fâché de s’y procurer des connaissances. 

Je crois si vous êtes bien sûrs des soins de vos amis de Lyon et qu’il n’y ait pas de risques évidents pour vous, qu’en formant un petit dépôt ici où l’on serait à même de puiser tout ce qui serait demandé, qu’un tel projet vous tournerait à l’escompte parce que le particulier qui n’a besoin que d’un exemplaire ne veut pas courir si loin le chercher.  Vous consulterez entre vous, Messieurs, cette offre.  Si elle vous agrée, vous ferez usage  à cet égard comme vous avez fait par ailleurs de mes services qui vous sont bien dévoués, vous partageriez vos envois en petits ballots de L.100 ou 200 pesant que vous achemineriez à votre manière accoutumée à Lyon ou par la voie des assureurs.  S’il s’en rencontre encore quelques-uns, comme on l’assure. 

Je vous remets ci-joint copie extraite de la lettre de M. Desbords de La Rochelle du 15 septembre.  Vous y remarquerez ses observations et m’y répondrez pour que je les lui fasse passer.  M. Fauche le connaît bien, ayant traité quelques affaires avec lui. 

Si le Dictionnaire encylopédique peut passer, il est sûr qu’on vous procurera des souscripteurs.  Vous me ferez donc part des réponses qui vous seront faites aux avis que vous avez demandés à cet égard.  Je pense bien, si M. Lair est toujours curieux des livres qu’il a demandés, qu’il acceptera vos conditions.  Je vous en instruirai après réponse.  Je ferai mention des quelques nouveaux ouvrages qu’annonce votre seconde lettre.  Je fais passer à M. Desbords votre second catalogue. 

On m’a écrit de St-Malo que M. Novins fils avait été très inquiété pour quelques éditions de certains mémoires que la cour avait arrêtés sans doute relativement aux affaires de l’ancien parlement.  J’ai en conséquence prié M. La Chambre du verger à St-Malo de me dire si ces tracasseries ne nuisaient point ni à son crédit ni à son aisance pour plus de certitude pour vous.  Si vous lui expédiez un assortiment de certaine conséquence, je vous ferai part de sa réponse.  Vos intérêts qui me sont chers m’ont fait naître cette idée sur l’avis que j’ai reçu.  M. Brault de Poitiers m’a fait dire qu’il vous écrirait.  Je parlai à M. De Gouy à Saumur ces jours passés, mais il craint et d’ailleurs, dit-il, il viendrait voir les éditions, ce qui doit vous faire [mot illisible].  Le dépôt dont je vous ai parlé serait nécessaire.  Tâchez donc de surmonter tous les obstacles de l’introduction et vos affaires en France pourraient prendre une brillante tournure.  Je renouvelle mes salutations à la maison de M. Fauche. 

S’il trouvait à faire passer 100 de ses petites Bibles on pourrait les écouler.  Je ne sais s’il a eu la bonté de prier M. Morel chez MM. Deluze de me faire passer dans une petite caissette mes effets, mais je n’en reçois aucun avis.  Je voudrais bien cependant les recevoir.  Je n’entends point parler non plus de la pièce indienne expédiée à Genève pour me faire passer.  Il me fera plaisir à l’occasion de rappeler mon souvenir amical à MM. Haldimann et Rouget.  Que ce dernier ait à lui compter les petits débours que j’ai faits pour l’obliger. 

Je note exactement les frais de port de lettres concernant vos affaires.  Ne me ménagez en aucune occasion.  Comptez sur mon zèle que continuellement je les ai flatté de vous prouver mon respectueux attachement avec lequel je demeure, Messieurs, votre très dévoué serviteur,

Malherbe, l’aîné

Je prie M. Fauche de me dire si M. Bouwy est actuellement à Bâle afin que je réponde à sa dernière lettre. 

Extrait de la lettre de M. Desbords de La Rochelle, 15 septembre 1772. 

Je n’ai pas répondu plus tôt à votre lettre 29 juillet qui renfermait 2 avis et un catalogue parce que j’ai voulu consulter quelques amis du nombre desquels est M. Mounier. 

Le catalogue que vous m’avez fait passer contient de bons livres et à bonne composition.  D’ailleurs ils sont établis d’une manière à savoir à quoi s’en tenir.  J’ai fait choix sur le catalogue de 14 à 15 ouvrages, mais avant de me déterminer à les demander, je serais bien aise de savoir comment sont exécutées les Questions sur l’encyclopédie.  Je vous prie donc d’en demander un feuilleton de même que quelques lignes de la Bible, 2 vols., figs., actuellement sous presse, et attendu que voici bientôt deux mois que vous avez ce catalogue, il y a lieu de croire qu’il est sorti de dessous presse quelques ouvrages ce dont je vous prie de vous informer et de m’en instruire.  Je voudrais savoir aussi si ce que je demanderais pourrait entrer en France, moyennant une assurance de 10 à 12 pour %,  comme la société marque au bas de son catalogue qu’elle est en état de procurer tous les ouvrages connus.  Vous trouverez ici-bas une note de ceux que je désirerais.  Je vous prie de demander à vos MM. ceux de cette note qu’ils pourraient fournir.  Voici, Monsieur, ce qu’il m’empêche de fournir ma demande, désirant d’être instruit sur tout ce qui est dessus. 

Note des ouvrages que j’désirerais avoir :

Le Christianisme dévoilé par Boulanger

L’Antiquité dévoilée par ses usagesdu même

Le Despotisme oriental du même

Dissertation sur Elie et Enochpar Boulanger

Le Monde, son origine et son antiquité

Œuvres de Shaftesbury, 3 vols., in-8°

Recueil nécessaire

Lettre de Trasibule à Alcippe

Lettres philosophiques

Le Militaire philosophe

L’An 2440

Lettres à Eugénie ou préservatif contre les préjugés, Londres 1768

Le Compère Matthieu

Le Système de la nature

La Contagion sacrée

Examen important de Milord Bolingbroke, écrit sur la fin de 1736

Discours de l’empereur Julien contres les chrétiens, traduit par le marquis d’Argens

Jean Hennuyer ou drame relativement à la 200e anniversaire de la Saint-Barthélémypar l’auteur de L’An 2440

La Vie de Jésus-Christ, petit, 8°, de 3 à 400 pages

L’Esprit du judaïsme, 1770, in-8°

David, ou l’histoire de l’homme selon le cœur de Dieu, 1768

De l’influence de l’opinion sur le langage et du langage sur l’opinion, 450 pages, 8°

L’Enfer de nuit ou examen raisonné du dogme de l’éternité des peines, 1769

Pièces philosophiques contenant partie de la vie et de la mort—Dialogue sur l’âme

J. Brunus ou traité des erreurs populaires, 440 pages

Lettres du ou d’un sauvage dépaysé

Le Passe-partout de l’église romaine

Les Contes de la reine Marguerite

Les Plaisirs secrets d’Angélique

Les 3 Imposteurs

Date: 
Wed, 09/30/1772