A Literary Tour de France
Malherbe to STN, 31 mars 1773

 

                                                                                              Loudun 31 mars 1773

 

Messieurs,

 

Depuis ma dernière premier mars que je vous confirme, je m’y réfère et je puis répondre à votre dernière 28 février qui m’apporte facture de partie des livres à vous demander.  Sans doute que la Bible in-folio n’est pas encore finie.  Après réception de ces 2 petits ballots, je les réviserai, vous en donnerai avis et créditerai de leur montant en L.237 [mot illisble].  À la réception de votre lettre j’ai écrit à votre commissionnaire M. Louis Royer de Chalon-sur-Saône pour le prier de m’adresser des réceptions des deux ballots à Orléans à M. Pisseau Cagnyé.  Je n’ai encore nul avis qu’il l’ait fait, ce qui me paraît bien long car enfin, ils doivent être rendus à Chalon ou jamais peut-être en saurai-je nouvelle par [mot illisible] courriers, ce qu’il me tarde d’apprendre.  Je vous paierai, l’ayant reçu, cet envoi, aux termes que vous accordez à vos autres correspondants et je vous en remettrai, si vous le souhaitez, mon billet dans Paris. 

 

Je n’ai rien reçu vous concernant, d’intéressant à votre sujet sinon que M. Lair de Blois qui vous a commis un petit mémoire pense que vous l’avez oublié.  Il lui paraît étrange que vous n’ayez pas joint aux ballots que vous m’expédiez le peu qu’il vous a demandé.  Il en est impatient.  Dites-moi donc si vous le lui ferez passer.  Il faudrait plus de célérité dans vos envois. 

 

M. Malassis à qui j’ai fait passer votre lettre ne m’a plus donné de ses nouvelles, mais un ami de Nantes qui lui a parlé à ce sujet me répond qu’il ne veut absolument point recevoir ni rembourser les droits des deux balles libres dont vous nous parliez.  Il est inutile d’en écrire davantage.  Ainsi d’apparence, ces 2 ballots qui sont toujours à mon auberge à Saumur resteront à votre compte.  J’en suis fâché parce que d’après les frais exorbitants qu’ils ont faits, il sera peut-être difficile d’en tirer partie sans perte.  Répondez-moi à ce sujet et marquez-moi ce que je dois en faire. 

 

Je vous serais obligé de me faire remettre par Paris mes déboursés, cette petite somme m’étant nécessaire dans le courant de mes nouvelles opérations. 

 

Si vous a répondu touchant M. de Grussy de Vévey, marquez-moi si on peut travailler avec lui avec confiance.  Je lui ai expédié eau-de-vie et huiles, [mots illisibles]. 

 

Je vous rendrai compte de l’avantage de votre nouvelle voie pour l’expédition de vos ballots dès ce que j’attends sera rendu.  Il est bon besoin pour vos intérêts qu’il y ait plus d’économie que par Lyon.  Je communiquerai à l’occasion les nouveautés annoncées au bas de votre lettre. 

 

Un de mes amis M. Cher. Raymond de Marseille me prie de vous demander pour un sien ami les Réflexions sur le système de la nature par M. Holland, nouvelle édition à Neuchâtel.  Faites-le parvenir promptement en le faisant passer par Nice et adressez le paquet à MM. St-Pierre et fils et Sauvaigne, négociants au dit lieu, ses amis qui le feront tenir à Marseille.  Vous me donnerez note du prix.  N’oubliez pas cette petite commission. 

 

Si vous avez besoin d’une adresse à cette, vous pouvez, vous recommandant de M. Cher. Raymond de Marseille, vous adresser à MM. Planchon et compagnie négociants à cette. 

 

L’on trouve votre journal trop peu volumineux, et d’un prix excessif.  Vous devriez solliciter un abonnement plus modique auprès des fermiers des sortes.  Voici quelques réflexions qu’on m’a communiquées à ce sujet.  Je ne puis souscrire un Journal helvétique pour les raisons suivantes: 

1°—à L.18 de tous les ouvrages périodiques il est le plus cher et le moins volumineux.  Les journaux politiques de Bouillon au nombre de 28 contiennent ensemble plus de 2100 pages.  Ceux de Genève en contiennent autant et on en reçoit 36 tous les ans.  Ces deux ouvrages ne coûtent que chacun L.18 franco pendant que les 12 journaux helvétiques ne contiennent que 116 pages même format et même caractère.  C’est ensemble 1392:  l’encyclopédique qui est depuis cher à 24 vols.  Ensemble les 60 [mot illisible] pages et ne coûte que L.33-12-0.  C’est plus d’un tiers meilleur marché que l’helvétique, proportion gardée.  Il ne prendra jamais bien en France qu’en l’augmentant d’une feuille, c’est-à-dire de 24 pages par volume sans augmenter le prix et encore en l’améliorant, ce qui est aisé par de bonnes correspondances à l’étranger, et en tirant tous les ouvrages périodiques dont la plupart quoiqu’excellents ne passent pas en France, sur quoi il reste mille choses à leur faire observer.  Vous ferez l’usage que vous trouverez bon de ces réflexions. 

 

Toujours disposé à vous rendre mes services, je suis avec une distinguée estime et parfaite considération, Messieurs, votre très humble et obéissant,

 

Malherbe, l’aîné 

 

Si vous vous décidez à faire débiter ici ce que contiennent les deux ballots libres pour Nantes, donnez-moi état de leur contenu. 

 

Le café de cette sorte vaudrait ici L.0-19-0 à L.0-20-0 [mots illisibles]-il chez vous.   

 

Date: 
Wed, 03/31/1773