Loudun le 5 janvier 1773 

 

Messieurs, 

 

Ma dernière lettre du 10 décembre vous en portait une de M. Fontanel de Monpellier avec qui je souhaite que vous fassiez de bonnes affaires.  Depuis, je suis honoré de votre dernière 8 décembre puisque vous avez écrit directement à M. Lair à Blois.  Vous concerterez désormais vos opérations de vous à lui.  Vous tiendrez donc, Messieurs, un état des envois qui vous seront venus par mon canal pour me bonifier la petite commission de 2 pr. %.  Vous avez envoyé à M. Fontanel et M. Chevrier et à M. Malassis.  J’ignore si vous avez rempli les mémoires adressés de Saint-Malo, de Rennes et de [mot illisible].  Je ne vous ai proposé un petit dépôt ici qu’en vue de vous procurer quelque débit.  Si ce projet n’entre pas dans le genre de vos opérations, il ne faut plus en parler.  Si je vois jour à vous faire quelques demandes et société avec quelque libraire, je vous en donnerai avis. 

 

Je communiquerai à l’occasion la voie que vous comptez avoir découverte pour l’entrée sans risques et éviter l’impôt.  Il me semble que l’assurance de 16 pr. % est un peu forte.  Il faudrait que cela ne passe pas 10 à 12 pr. %.  On m’a envoyé par la poste de Paris votre paquet contenant votre nouveau catalogue, ce qui m’a coûté L.6-10-0 de frais de port.  J’en ai envoyé 3 à Poitiers, un à La Rochelle.  Je distribuerai le reste et tâcherai que quelques mémoires suivent pour vous dédommager des frais que j’ai payés à votre sujet qui se montent jusqu’ici vers L.72 dont je vous remettrai le détail.  Ayez la bonté de me faire remise d’un petit effet par Paris de cette somme, ayant toujours besoin de mes fonds pour mes petites opérations mercantiles. 

 

M. Fauche m’a également écrit de lui écrire séparément quand j’aurai quelque chose à traiter avec lui.  Cette rupture me surprend.  Quoi qu’il en soit je désire qu’elle contribue réciproquement au bien de vos intérêts.  Il ne parle que de 12 pr. % pour faire passer ses Bibles in-8° dont je lui en ai placé un cent. 

 

Voici une lettre de Lille de MM. J. Henry et compagnie.  Vous aviserez si vous devez y répondre. 

 

MM. Schaub Lierre et compagnie de Lyon m’ont enfin adressé ce ballot libri pour Nantes pour M. Malassis dont me prévenait votre lettre premier octobre sous la marque AS n° 75 : aussitôt que je l’ai eu reçu, j’en ai donné avis à M. Malassis.  Ce ballot a fait des frais énormes puisque j’ai été obligé de rembourser L.166-8-0 suivant la lettre de voiture de MM. Schaub Lierre et compagnie.  J’ai fait payer de suite à mon auberge à Saumur ce ballot et j’ai prévenu M. Malassis de me donner ses ordres pour les lui acheminer.  En même temps je me prévalais sur lui de ces L.166-8-0 que je remettais à mes amis MM. Rimbert et Guerin, négts. à Nantes.  J’ai été fort surpris que ces MM. m’aient renvoyé sans acquit mon mandat et de la lettre que m’a écrite en l’absence de son mari Mme Malassis.  Je vous l’envoie ci-jointe.  Elle vous a écrit aussi.  Voyez ce que vous avez à faire, mais comme il me gênerait que ces L.166-8-0 que j’ai déboursés gratuitement ne me rentrassent pas, daignez m’en faire remise sur Paris ou m’indiquer les moyens de les faire payer à M. Malassis que le retard de cet envoi et ces frais ont rebuté.  Vos amis de Lyon ont eu tort de ne pas prévenir M. Malassis ou moi qu’ils avaient reçu ce ballot.  On leur aurait indiqué une voie bien moins coûteuse que celle par Limoges qui a fait de frais 20 pour cent pesant.  Il est surprenant qu’ils n’aient pas expédié tout uniment par Orléans.  J’ai récrit à Mme Malassis que je ne croyais pas que son mari pût se dispenser d’accepter cet envoi quand il sera de retour.  S’il me répond plus favorablement je vous le marquerai. 

 

En attendant, prescrivez-moi ce qu’il faut que je fasse de ce ballot qu’on a mis en deux depuis Lyon à Limoges et remettez-moi mes déboursés.  Si vous voulez m’envoyer à vos termes ordinaires et sans risques pour moi en vous bonifiant sur vos prix de 10 à 12 pr. % d’assurance et s’il vous est possible à 99 la feuille:

10 Sermons de Nardin

10 de Lullin

10 de Durand

10 de Rochemont

10 de Laget

4 de Caillard

5 de Saurin

Je les recevrais avec plaisir ainsi que les 50 exemplaires de votre Bible, 2 vols., in-folio, précédemment demandés. 

 

Faites-moi le plaisir de me donner information satisfaisante sur le compte de MM. de Grussy et [nom illisible] qui me demandent quelques marchandises et dont j’ai déjà expédié partie.  J’aurais pu m’en informer à M. Chenébié que je connais chez lui mais il me dit qu’il est mort depuis peu. 

 

Je vous serai obligé de donner cours à l’incluse pour Mlle Grasat.  Je lui demande quelques [mot illisible] articles, thé balsamique et brun de Francfort etc. où le [mot illisible] pourra monter de L.50 à L.60.  Je lui marque que vous les lui payerez.  Daignez en acheminant la lettre mettre au dos que vous tenez à sa disposition le montant du petit mémoire que je lui demande qui s’élèvera de L.50 à L.60. 

 

J’attends de vos nouvelles.  Permettez-moi de vous offrir mes vœux les plus fervents et souhaits sincères dans cette circonstance du nouvel an.  Ils renferment tout ce qui peut contribuer à votre prospérité.  Dieu veuille vous continuer santé, félicité, contentement.  Je vous demande la continuation de votre bienveillance et suis avec une estime distinguée, Messieurs, votre très humble serviteur,

 

Malherbe, l’aîné