A Literary Tour de France
Malherbe to STN, 5 mai 1773

 

                                                                                              Loudun 5 mai 1773

 

Messieurs,

 

Je vous écrivis le 14 passé pour vous acheminer une lettre de Rouen qui vous commettait un mémoire.  Je vous témoignai ma surprise de ne pas entendre parler des 2 ballots expédiés.  Elle dure encore.  J’ai fait passer le dernier de vos catalogues à M. Chaboiceau par occasion qui se trouva la semaine passée.  Si vous m’en adressez d’autres, j’en continuerai la distribution. 

 

Depuis ma dite lettre j’ai reçu les 2 vôtres, 11 et 18 passé.  Sur la première, j’écrivis le 21 de nouveau à M. Malassis à Nantes et lui remis copie de vos observations, et du dessein où vous étiez de faire valoir vos droits et sa lettre d’ordre que vous avez suivie.  Je n’ai eu aucune réponse.  Sans doute qu’il persiste dans son obstination à refuser les 2 ballots qui sont toujours à Saumur à mon auberge, et je reste par conséquent en souffrance de L.166-4-0, ce qui est très mal gracieux pour moi.  Je vous prie dorénavant de ne pas me faire passer pour d’autres ballots sujets à si forts déboursés.  Puisque vous comptez actionner le sieur Malassis, je vous invite à vous mettre en règle avec lui au plus tôt.  Il s’agit d’abord de vous prévaloir sur lui du montant de votre facture à vos termes convenus.  Vous me remettrez votre traite que je lui ferai présenter par un ami de Nantes et s’il ne l’accepte pas, on la fera protester.  Faute d’acceptation, sur lequel protêt vous pourrez vous pourvoir comme il vous semblera pour l’obliger à accepter sa marchandise et à vous payer.  Par ce moyen, il faudra bien qu’il me rembourse car il faut que je le sois ou de vous, ou de lui, ou que j’aie ordre de disposer de la Mlle pour me payer de son produit.  Si le dit sieur vous a répondu à votre dernière, vous pourrez d’autant mieux prendre les livres.  C’est à vous à l’actionner.  Je suis fâché de cette discussion, rapport à ce qui vous regarde, mais je n’y puis rien et ne dois pas en souffrir plus longtemps. 

 

Votre seconde lettre m’annonce 2 mauvaises nouvelles, ce que vous me dites du sieur DuGrussy ne s’accorde pas avec ce que m’en mandent MM. Brun et Darnal de Lyon sur qui il m’a fourni L.600 qu’ils ont payés et ils m’ajoutent qu’un ami de cœur à Vévey leur avait limité le crédit qu’ils pouvaient accorder au dit sieur de 7 à 8 mille livres, et qu’ils n’avaient pas lieu de s’en plaindre.  Cependant votre avis contraire m’a décidé, privé des lettres de mon homme depuis près de 2 mois, craignant que son état n’ait changé, de tirer par lui un petit solde qu’il me doit et je prie MM. Brun et Darnal de Lyon de m’en faire payer par l’entremise de leur ami de Vévey.  J’attends réponse à ce sujet, et puisqu’il en est ainsi, je ne continuerai affaire-là que muni d’avance de bonnes remises.  Mais son exactitude à me remettre L.600 sur environ L.1000 ne me faisait pas soupçonner qu’il y eût à craindre.  Bien obligé de votre attention à me prévenir de ce qu’on vous a mandé à son sujet, il est également fâcheux qu’il soit arrivé malheur à l’un des 2 ballots que vous m’expédiez et vous ferez bien de vous en faire rembourser par votre assureur et de m’en expédier un nouveau.  On aurait dû faire suivre sa destination à celui qui est passé et cependant je reste sans nouvelles de lui, pendant que Desbordes de La Rochelle m’écrit qu’il attendait votre envoi sous 8 à 10 jours.  D’où vient donc cette lenteur pour ce qui me regarde?  Tâchez d’y mettre ordre, et de me faire parvenir plus promptement. 

 

M. Lair attend aussi ce qu’il vous a demandé.  Avez-vous songé à faire l’envoi de l’ouvrage de M. Holland à l’ami de Marseille pour qui je vous l’ai demandé ?   

 

Attendant de vos nouvelles pour ce qui regarde M. Malassis, je suis avec une distinguée considération, Messieurs, votre très humble serviteur,

 

Malherbe, l’aîné

 

Si vous avez besoin d’un procureur à Nantes, adressez-vous à Mme Vve Le Prêtre qui fera soigner votre affaire. 

 

Date: 
Wed, 05/05/1773