A Literary Tour de France
Malherbe to STN, 6 janvier 1785

                                                                                              Loudun, le 6 de l’an 1785

Messieurs,

Votre lettre du 19 décembre m’est rendue de hier, timbrée de Poitiers.  Je présume qu’elle m’est expédiée par M. Laurence fils.  Je lui écris ce jour et lui envoie celle-ci pour vous l’acheminer, vous écrivant, éviter à frais, ne touchant toujours rien de ce qui m’est si misérablement accroché.  Je reste bien en scène.  Il faut me laisser à Cadiz L.1200 pour suivre en juistice ce qui m’y reste dû plus de 11 mille livres et à Toulouse, fournir au moins L.6001 pour y requérir arrêt au parlement qui me donne pouvoir de suivre en rigueur mes 2 débiteurs de Gignac.  Ces nouveaux sacrifices sont d’absolue nécessité, ou ces crédits resteraient continuellement au même état.  Il faut bien en faire le sacrifice. 

Vous m’annoncez comme je le craignais beaucoup, le nouveau acquit de la promesse du sieur Caboche, encore négociation malheureuse faite avec lui.  Je ne le soupçonnais pas, alors embarrassé pour s’absenter comme il a fait, cette promesse vous est revenue avec suite de L.30-13-0 en frais, nouvelle charge, et si vos ordres sont de suivre ce remploi, jusqu’à sentence, il va bien vite se manger L.100 et dans ma position, j’ai besoin que mes amis [mot illisible] avec moi de la même économie que j’apporte en tout.  Car, si j’étais livré à luxe et faste, comme tant de maisons, tout serait perdu, mais vivant avec ma mère, comme franc de dépense à peu près, et frugalement, je n’ai que ceux indispensables de voyages et ports de lettres à fournir.  Vous sollicitez de moi, Messieurs, ce rembours de L.1730-13-0 de suite.  Je ne le saurais faire absolument en comptant et que successivement avec du temps, en remises qui me viendront à fur et mesure des livraisons de livres que je ferai.  L’approche de la belle saison me fournira, j’espère, plus de débouchés, des 7 à 8 mille livres d’articles libri qui peuvent me rester en magasin.  J’attends des changes de Lyon, Avignon, Bordeaux, et Bruxelles pour 15 à 1600 et un nouvel approvisionnement par Nice, Agde, et d’Avignon [mots illisibles], ce qui me laissera quelques…

[Mots illisibles…] 

Je ne dois dans vos canton qu’à Genève à la maison Nousser ou à ses syndics et à MM. Fauche et cie. chez vous.  J’attends toujours lettre importante de MM. Fauche père et fils qu’ils me sachent bien. 

Si parmi les fourniments que vous faites en France vous aviez l’occasion d’y offrir :

70 à 80 Voyage de M. de Saussure, vol. 4° figs. pris chez moi à L.8

et 50 à 60 idem 2 vol., L.0-8-0 et figs…………………………………………......5

100 à 150 Œuvres de Rutledge, 2 vols., 8°………………………………………..1-16-0

200 Âme élevée à Dieu de Baudran, 2 vols. in-12………………………………...1-14-0

100 Lettres d’un souverain philosophe, 2 vols., in-12…………………………....3

100 Abrégé d’histoire universelle de La Croze et Formeyà………………………..0-14-0

100 Confessions de J.J. Rousseau, 2 vols., 8°, gros à……………………………..4-20-0

60 Cuisinière bourgeoise, 2 vols. in-12 édition [mot illisible]…………………2-10-0

10 à 12 Commentaire sur l’ordonnance de la marine de Valin, 2 vols., 4°………17

40 à 50 Traité des prises du même, 2 vols. in-8°………………………………….4

200 Opuscules de [mot illisible], 2 vols., petit format à…………………………..1-4-0

50 Le Théisme, livre neuf sur manuscrit, 2 vols., in-12……………………………0-4-0

100 Destruction de la ligne, 8°, de Mercier, belle édition…………………………1

J’adresserais ou vous m’indiqueriez […]

[…] facilités, voies trop ruineuses et rigoureuses, ne m’empêchant pas de continuer à vaquer à mes affaires et de les soutenir.  Aucun livre ne peut vous convenir pour servir à mon acquit.  Si je pouvais traiter de quelque objet de fabrique comme de toiles à Alençon, ou de quelques pièces de drap bleu ou gris pour manteau etc. aux prix de L.15 à L.20 l’aune de France, les voudrez-vous ?  Je tâcherais encore par là d’accélérer mon acquit.  L’offre que je vous ai fait de vous fournir une obligation notariée me coûtera encore de droits de contrôle, L.15 à L.16 par mille livres.  Je consentirais cet acte obligatoire pour votre facette si vous le désirez.  Il serait bien mieux et plus profitable pour moi de trouver argent de mes domaines.  Je ne l’ai pu jusqu’ici.  Mes affaires en restent gênées et fort restreintes, ne pouvant faire qu’en librairie ou on veut bien m’accorder encore des facilités sans superflu.  Je ne puis traiter rien au comptant.  Si vous n’eussiez pas adhéré dans le temps à me gratifier du journal reçu, je ne l’aurais pas accepté.  Je vais faire le possible pour obtenir pour 5 à 600 café comme vous m’en laissez liberté.  Commis à Nantes qui me place quelques livres pour la mer a l’espoir d’en colloquer pour pacotille un assortiment de L.600 à L.700.  Je tâcherai que le produit serve à me procurer le café.  Cela le plus tôt que je pourrai.  Daignez en rester persuadés et me croire sincèrement, Messieurs, votre très humble serviteur, 

Malherbe, l’aîné 

Date: 
Thu, 01/06/1785
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