A Literary Tour de France
Malherbe to STN, 6 mai 1778

 

                                                                                              Loudun, le 6 mai 1778

 

Messieurs,

 

Je dois réponse à vos deux chères lettres 14 et 8 mars.  Je n’y ai pas répondu plus tôt faute de sujet important et diverses occupations ayant pris tout mon temps.  Et depuis le 20 du passé, j’ai eu le malheur de perdre mon père, événement qui m’a causé la plus vive douleur, quoique son état souffrant, et infirme, nous eût préparés à cette perte.  Ce sont toujours des séparations cruelles qu’il n’y a que le temps et beaucoup de résignation qui puissent les effacer.  Il nous reste une mère tendre qui se montre favorablement disposée à notre bien-être à mon frère et à moi.  S’il plaît au tout puissant, nous la conserver longtemps.  Nous tâcherons de lui prouver notre reconnaissance pour l’attachement le plus vrai. 

 

Il est bien que vous m’ayez crédité de ma dernière remise L.334-8.  J’ai déchargé votre compte du montant du ballot n°200 qui reste à Dijon.  L’estampillage a été fait à Rouen, à Étampes, et je crois à Caen.  Il n’a été question de rien encore dans nos villes voisines.  Malgré cela, on en vend presque plus rien.  Je ne me surchargerai point jusqu’à voir quelle tournure tout cela prendra.  Depuis 15 jours, on m’a écrit de Poitiers que les ordres venaient d’y être donnés pour l’établissement de la nouvelle chambre syndicale, établie pour ses derniers arrêts, et qu’en conséquence, les libraires s’étaient assemblés pour y statuer.  Je ne sais encore quand elle entrera en fonction et si elle sera d’un exercice rigide.   

 

Je ne sais pas encore si on me cherchera question sur les libri qui me sont adressés et déposés.  On doit m’instruire si l’estampillage devient général.  Je ferai estampiller ce qui me restera. 

 

Toutes les entraves gêneront furieusement la manutention du commerce de la librairie.  M. Barré fils a payé mon billet 700 à son domicile rue Comtesse d’Artois dès qu’il lui a été présenté. 

 

Vos Bibles sont bien chères à L.18 pour que je puisse les donner aux libraires qui les vendra L.24 s’il faut.  Il faudrait me réduire un peu le prix de L.18, sans quoi il n’y a pas moyen d’y bénéficier quelque chose. 

 

Vos Descriptions des arts ne sont point demandées.  Il m’en reste toujours 4 à 5 exemplaires que je n’envoie pas.  Je recevrai la suite encore quand vous pourrez me la faire passer, avec quelque autre chose pour faire au moins un poids de L.50 à 60. 

 

Je n’ai point encore remis pour les Encyclopédies parce que le libraire qui les demande veut savoir de quelle remise vous faites jouir au libraire et quelle sera la mienne et un particulier qui pourra en prendre une demande si vous rendez les volumes franco chez le souscripteur et brochés, ou si c’est pris chez vous, ce qui le dégoûtera peut-être.  Savoir aussi si les encyclopédies pourront être expédiées sans danger.  Il paraît que l’on fait porter à la chambre des libraires à Orléans tous les balles et ballots reconnus être libri pour être visités.  On peut cependant l’éviter assure-t-on en les expédiant de Lyon comme mercerie. 

 

M. A. Senn de chez vous a à me remettre un solde de L.175-19-6 que je le priais de me fournir sur Paris par ma dernière 21 mars.  Sans réponse de lui, j’en suis étonné. 

 

Il m’a porté quelques plaintes sur le dernier envoi fait que le fabriquant qui m’a fourni jure et proteste mal fondées.  Il est bien temps que ce solde me soit balancé ayant payé comptant et pris seulement 2 pr. cent pesant de commission, de la sorte.  Cette opération m’est bien plus grevante que profitable.  Je vous sera obligé de prier M. Senn à me remettre ces L.175-19-6 qu’autrement je serai obligé de tirer sur lui. 

 

J’ai l’honneur d’être avec sincérité, Messieurs, votre très humble serviteur,

 

Malherbe, l’aîné 

 

Je vous prie de faire suivre par la poste l’incluse à M. de Salis à Mayenfelz. 

 

M. Fauche est-il absent ?  Il y a longtemps que j’ai eu de ses nouvelles.  Sa maison sans disette continue à mériter bonne confiance et doit être bien solide.  Ceci entre nous s’il vous plaît. 

Date: 
Wed, 05/06/1778